Nous vivons à une époque où chaque clic, chaque seconde en ligne laisse une longue empreinte numérique.
Les réseaux sociaux ne sont plus simplement des plateformes de communication, mais de gigantesques entrepôts où nos préférences, habitudes et même pensées fugaces se transforment en nourriture pour les algorithmes. Les likes, les partages, le temps d'activité — tout cela se cumule en un portrait détaillé que les entreprises vendent, analysent et utilisent pour capter notre attention.
Threads, la nouvelle plateforme de Meta*, ne fait pas exception. Lancé à l'été 2023, le service a rapidement attiré des millions d'utilisateurs, mais avec l'intérêt sont également venus des questions. Que se passe-t-il avec nos données ? Qui a accès à ce que nous publions ? Et existe-t-il vraiment une confidentialité dans une application créée par une entreprise dont la réputation en matière de confidentialité est entachée ?
Dans cet article, nous allons examiner comment Threads collecte des informations, quels risques cela implique et s'il existe un moyen de se protéger. Ce n'est pas un guide, mais une étude qui vous aidera à décider si vous êtes prêt à échanger à nouveau des données personnelles contre du confort ou s'il est temps de chercher des alternatives.
Quelles données collecte Threads ?
Threads n'est pas une plateforme autonome, mais un autre rouage dans l'immense système de Meta*. L'application n'est pas seulement liée à Instagram* — elle est profondément intégrée dans l'écosystème de l'entreprise, y compris Facebook et WhatsApp. Plus ces services sont interconnectés, plus de données sur les utilisateurs se retrouvent entre les mains de l'entreprise.
À première vue, l'inscription à Threads semble standard : nom, pseudo, avatar, courte biographie. Mais la principale caractéristique est l'association obligatoire à Instagram*. Même si vous ne remplissez pas intentionnellement les champs supplémentaires, Meta sait déjà beaucoup plus de choses sur vous qu'il n'y paraît.
La plateforme voit à qui vous êtes abonné et qui vous suit. Elle analyse vos publications, vos stories, note quels posts vous plaisent et lesquels vous commentez. Mais la collecte d'informations ne s'arrête pas là.
Threads, tout comme les autres produits de Meta*, collecte des métadonnées — cette fameuse information "technique".
Par exemple, la géolocalisation. Même si vous l'avez désactivée dans les paramètres, l'application peut déterminer votre position par votre adresse IP ou des données Wi-Fi. Elle sait quel appareil vous utilisez.
Mais ce qui est le plus précieux pour Meta*, c'est votre comportement dans l'application. Combien de temps vous passez dans le fil d'actualité, quels posts retiennent votre attention, à quelle vitesse vous faites défiler, sur quoi vous réagissez et ce que vous ignorez. Tout cela est analysé pour rendre la publicité plus précise et l'engagement plus élevé.
Threads conserve non seulement ce que vous publiez, mais aussi ce que vous avez apparemment supprimé depuis longtemps. Les posts que vous avez effacés peuvent rester dans le cache des serveurs. L'historique de recherche, les likes, les réponses, les listes d'utilisateurs "cachés" — tout cela forme votre empreinte numérique.
Meta* déclare qu'elle n'utilise pas le contenu des chats privés pour la publicité ciblée, mais se réserve le droit de l'analyser pour "améliorer le service". Cela signifie que vos messages personnels, même s'ils ne sont pas inclus dans les algorithmes publicitaires, sont tout de même traités.
Threads, tout comme Instagram*, utilise des outils de suivi intégrés. Ces traceurs fonctionnent même en dehors de l'application. Par exemple, si vous avez visité le site d'un magasin en ligne, il est fort probable que sa publicité apparaisse bientôt dans votre fil d'actualité.
Comment sécuriser votre compte ?
Il est impossible d'éviter complètement la collecte de données dans Threads. L'entreprise tire ses revenus de la publicité, qui nécessite des informations sur les utilisateurs. Cependant, cela ne signifie pas qu'il faille simplement se résigner et donner toutes ses données sans essayer de les protéger. Certains paramètres permettent de réduire considérablement le volume d'informations transmises.
Étant donné que Threads est étroitement lié à Instagram*, la première chose à vérifier est les paramètres de confidentialité dans Instagram. En effet, si Meta possède déjà beaucoup de données sur vous, Threads y aura automatiquement accès.
Et si vous voulez savoir comment dissocier Threads d'Instagram, la réponse est que c'est impossible. Meta a délibérément conçu les choses pour que les utilisateurs utilisent tous leurs produits. Ainsi, pour gérer un compte professionnel sur le "réseau interdit", Facebook est absolument nécessaire, tout comme Instagram* pour Threads.
L'un des points clés est la synchronisation des contacts et l'accès au microphone. Si vous avez un jour autorisé Instagram à accéder à votre carnet d'adresses, l'application a pu conserver les données de vos contacts, même s'ils n'utilisent pas ce réseau social. Cela peut être désactivé dans les paramètres de confidentialité.
Même si Instagram* sait déjà beaucoup de choses sur vous, dans Threads même, vous pouvez limiter la fuite de données. Par exemple, en rendant votre profil privé. Ainsi, vos posts ne seront visibles que par ceux que vous avez ajoutés vous-même, et il y aura moins de chances qu'ils soient analysés pour la publicité. Un profil privé permet également de contrôler complètement qui a accès à vos publications.
Malheureusement, il n'est pas possible de consulter un compte Threads de manière anonyme sans s'inscrire — il vous faudra créer un profil. Cependant, vous pouvez créer un compte vide et privé et lire Threads de manière anonyme. Personne ne vous oblige à l'utiliser ou à le remplir.
Un autre interrupteur important est la limitation des mentions. Si vous ne voulez pas être tagué dans les posts des autres sans votre consentement, il est préférable d'interdire cela à l'avance dans les paramètres. Ainsi, vous contrôlez au moins en partie dans quels contextes votre nom apparaîtra.
Vous pouvez également supprimer des abonnés dans Threads s'ils vous suscitent des soupçons. Cela limitera le cercle d'utilisateurs ayant accès à votre contenu.
Si vous souhaitez renforcer la protection, vous pouvez utiliser des méthodes techniques. Par exemple, un VPN qui cache votre véritable adresse IP, rendant plus difficile la détermination précise de votre emplacement pour Meta*.
Un nettoyage régulier du cache de l'application aide également. Cela réduit le volume d'informations stockées localement sur votre appareil.
Bien que Threads continue de collecter des données conformément au modèle commercial de Meta*, vous pouvez réduire la granularité de ce processus. L'anonymat complet ne sera pas atteint, mais il est possible de faire en sorte que les algorithmes en sachent un peu moins sur vous.
Les escrocs dans Threads
Threads, comme de nombreuses plateformes populaires, attire non seulement des utilisateurs, mais aussi des escrocs. Avec la popularité croissante de ce réseau social, le nombre d'escroqueries et d'attaques de phishing augmente également.
Voici quelques astuces courantes utilisées par les malfaiteurs :
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Page de phishing : Les escrocs créent de fausses versions web de Threads qui ressemblent à des pages officielles. Ces sites collectent les identifiants et mots de passe des utilisateurs, ce qui peut conduire à la compromission de comptes non seulement dans Threads, mais aussi dans Instagram, puisque les comptes sont liés.
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Threads Coin : Des "Threads Coin" sont activement vendus en ligne contre des cryptomonnaies. Ces pièces sont présentées comme un moyen de "connecter les utilisateurs dans le Métavers", cependant, leur véritable valeur et leur objectif restent flous même pour les créateurs. L'achat de telles pièces peut entraîner une perte d'argent réel.
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Achat de faux abonnés : Une autre escroquerie populaire promet une augmentation rapide du nombre d'abonnés pour les nouveaux comptes dans Threads. En réalité, participer à de telles escroqueries entraîne seulement une perte d'argent et peut entraîner la suspension du compte pour violation des règles de la plateforme.
Comment se protéger des escrocs ?
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Vérifiez l'URL : Avant de saisir des données personnelles, assurez-vous que vous êtes sur le site officiel de Threads. Les sites de phishing ont souvent des différences mineures dans l'adresse.
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Faites attention aux offres : Si quelque chose semble trop beau pour être vrai, c'est probablement une arnaque. Ne faites pas confiance aux offres de croissance rapide des abonnés ou à l'achat d'actifs numériques douteux.
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Utilisez l'authentification à deux facteurs : Cela ajoutera un niveau de protection supplémentaire à votre compte et compliquera l'accès aux escrocs.
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Mettez régulièrement à jour vos mots de passe : Utilisez des mots de passe complexes et uniques pour chaque plateforme afin de minimiser le risque de piratage.
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Signalez les activités suspectes : Si vous êtes confronté à une activité frauduleuse, signalez-le au support de Threads pour aider à protéger d'autres utilisateurs.
Threads peut être une plateforme pratique pour communiquer et partager du contenu, mais il est important de rester vigilant et de protéger vos données contre les malfaiteurs.
Faut-il s'inquiéter ?
Threads est sans aucun doute un service pratique. Inscription rapide via Instagram*, interface familière, intégration instantanée avec les abonnés — tout cela le rend attrayant pour ceux qui veulent tenir un microblog sans complications superflues. Mais pour ce confort, il faut payer, et la monnaie ici, ce sont des données personnelles.
Le principal problème de Threads n'est pas tant la collecte d'informations, mais l'absence totale de transparence sur ce qui lui arrive ensuite.
Meta* ne se précipite pas pour révéler combien de temps les données des utilisateurs sont conservées, qui au sein de l'entreprise (ou même en dehors) peut y accéder et à quel point elles sont sécurisées.
Compte tenu de l'affaire Cambridge Analytica, où les données de millions d'utilisateurs de Facebook se sont retrouvées entre les mains de tiers, la confiance envers l'entreprise est déjà largement ternie. À l'époque, des données de 87 millions d'utilisateurs ont été collectées via Facebook sans leur consentement. Ces données ont ensuite été utilisées pour manipulations politiques.
Le problème est que Threads n'est pas un produit autonome. C'est une partie de l'écosystème de Meta*, et il n'est pas possible de simplement désactiver Instagram tout en gardant Threads. Si vous décidez de supprimer votre compte sur le "réseau interdit", votre profil dans Threads disparaîtra également.
Même si l'on accepte cela, la question de la collecte agressive de données demeure. Threads sait non seulement ce que vous publiez, mais aussi combien de temps vous regardez chaque post, depuis quels appareils vous vous connectez, à quel moment vous êtes actif, et bien plus encore. Tout cela alimente les algorithmes publicitaires, qui deviennent plus précis chaque jour.
Si l'idée qu'une entreprise en sait trop sur vous vous met mal à l'aise, il existe d'autres plateformes — moins populaires, mais plus éthiques.
Par exemple, Mastodon — un réseau décentralisé où les données sont stockées sur des serveurs indépendants. Ou Bluesky — un projet d'un des créateurs de Twitter, fonctionnant sur un protocole ouvert. Dans les deux cas, il n'y a pas de collecte totale de données, et l'utilisateur décide lui-même à qui et quoi faire confiance.
Oui, il n'y a pas une telle audience que dans Threads. Oui, l'interface peut sembler moins pratique. Mais au moins — pas de lien avec Instagram, pas d'analytique cachée, pas de publicité qui vous suit après une recherche fortuite.
Conclusion
Étant donné qu'il n'est pas possible de consulter Threads anonymement, la question d'utiliser cette plateforme reste à votre discrétion. Si la collecte de données pour la publicité et les algorithmes ne vous dérange pas, le service peut être utile. Cependant, si la confidentialité est une priorité, il vaut mieux limiter votre présence dans l'écosystème de Meta ou y renoncer complètement.
L'essentiel — c'est d'être conscient. Vérifiez les paramètres, supprimez les données inutiles.
*Instagram appartient à Meta, reconnue comme organisation extrémiste en Russie